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Miss Pélisse
4 janvier 2008

Un colis de trop

Gaffe les filles !

Comme chaque matin, à petits pas, Henriette, bientôt 89 ans, se dirige vers sa boite aux lettres. Elle est un peu surprise lorsqu'elle l'ouvre de découvrir recouvrant son Ouest France quotidien un colis. Elle ne reçoit jamais rien Henriette, depuis longtemps, à part des factures, des relevés de comptes, quelques courriers administratifs qu'elle ne comprend pas toujours et, de temps en temps, des cartes postales de sa nombreuse descendance partie visiter la Terre. De ses gestes devenus trop lents, elle soulève le paquet, prend son journal et referme la boite aux lettres. Elle rejoint péniblement sa cuisine, pose le courrier sur la table et déchire tout excitée l'emballage. Elle n'a pas mis ses lunettes Henriette et n'a pas penser à vérifier si ce colis lui était bien adresser. Elle n'y pense pas Henriette, l'émotion et l'âge l'empêchent d'être rationnelle aujourd'hui.

Sous le papier kraft, une boite à chaussures. Dans la boite six objets insolites : un exemplaire des « Mille verges » de Guillaume Apollinaire ; un petit canard rose en silicone ; une boite sur laquelle est écrit « Kiss my pussy chocolat » -qu'elle n'arrive pas à lire- ; un flacon d'huile de massage ; une paire de menottes en fourrure blanche et une bougie dans un verre. Elle s'interroge Henriette. Une erreur du facteur ? Elle n'a pas vérifier l'adresse ! Elle cherche ses lunettes. Impossible de lire le prénom, elle l'a déchiré, mais le nom et l'adresse sont bien les siens... Bizarre.

Elle est intriguée et se dit que personne ne viendra le lui réclamer ce paquet si étrange, alors autant continuer l'exploration ! Elle s'assied sur un fauteuil, déballe le canard et lit la notice... Oh ! Mais ! Elle n'a jamais vu un jouet pareil ! Ce n'est pas du tout pour les enfants ! Et ce livre... Elle en a entendu parler dans sa jeunesse... mais... Elle regarde à gauche, à droite, comme si elle était observée. Elle ouvre au hasard... Lit... Rosit !
Elle irait bien prendre un bain Henriette. Cet Apollinaire lui a donné des idées... de jeunesse. Elle repartirait bien explorer des terres longtemps désertées. Son aide ménagère n'est pas là et ne viendra pas aujourd'hui, rien à craindre. Et puis sa baignoire est équipée maintenant, elle ne risque rien à se baigner sans aide.

Vêtements délicatement pliés sur une chaise, Henriette s'immerge dans une eau tout juste chaude. Elle tient fermement le canard. Oh ! Il vibre ! Elle va l'utiliser son canard rose, le passer entre ses jambes flasques... Et la voici propulsée dans la France de l'avant guerre, lorsque âgée de quinze ans à peine, son Raymond lui faisait minette dans la paille, dans la grange du patron. Elle rêve Henriette. Sensations perdues. Son corps réagit comme autrefois. Son sang bouillonne. Sa peau s'évapore. Son souffle se perd. Son coeur s'accélèrent dangereusement.... Elle sourit.

...

Midi. Julie gare son scooter devant la maison de son arrière-grand-mère. Elle vient la voir presque tous les jours, à l'improviste, entre deux cours, la fac est à deux pas de chez elle. Si ses calculs sont bons, le colis du sexy-swap est arrivé ce matin. Elle lui a recommandé plusieurs fois « Promis Mounette, tu ne l'ouvres pas ? »
Cette petite demoiselle mouille rien que d'en découvrir le contenu...

La porte est ouverte. Elle appelle « Mounette ? » Personne... Sur la table de la cuisine, Julie découvre son paquet éventré, l'emballage jonche le sol. Crotte ! Elle l'a ouvert...

« Mounette ? » Elle inspecte les pièces l'une après l'autre.

Depuis le couloir, Julie aperçoit les vêtements de son arrière-grand-mère posés sur la chaise. « Tu es là Mounette ? » Elle pousse la porte.

Les larmes de Julie inondent ses joues. Elle a compris en un éclair. Le corps sans vie de son arrière-grand-mère, le canard rose serré entre ses cuisses frêles, le sourire figé sur son visage qu'elle n'a jamais vu si beau.

Julie ramasse toutes les babioles de son colis. Efface toutes traces du dernier extase d'Henriette. Prend son portable. « Maman ?.... Mounette est... morte. »

Longtemps Julie gardera en mémoire le visage de son arrière-grand-mère morte de la plus belle mort qui soit... d'avoir ouvert son sexy-colis.

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Commentaires
D
Mourir de plaisir ! voilà la mort que j'aimerais avoir et que je souhaite à toutes et tous !<br /> <br /> doux kissu
K
C'est bon de revenir rôder par ici !
L
...Titre de Ouest France :<br /> "Une grand-mère attaquée par un canard sauvage trouve la mort dans sa baignoire... Les écologistes poussent un nouveau cri d'alarme : le réchauffement climatique bouleversent la migration des oiseaux..."
F
J'adore cet humour noir, trés noir...<br /> Mourir de plaisir, jolie mort ma foi...
M
@ Cara Mia > Chut !!!<br /> <br /> @ Jippé > C'est trop d'honneur... vraiment vous me faites rougir. <br /> <br /> @ 502 > Mais aurai-je encore toute ma tête ?
Miss Pélisse
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