Féria
Trois heures que Olivier et Rodolphe, la trentaine, sautant et brayant sur du rock festif, s’enfilent cette bière au mètre qui coule à flot. Les fonds de verre devenus chaud sont jetés dans la foule en délire. Les corps imbibés de sueur, de restes d’alcools de mauvaise qualité, se frôlent dans la joie.
Pélisse et Valérie accompagnent leurs hommes avec modération. Elles dansent, elles crient, elles rient. Pélisse asperge ses voisins de bière. Elle n’aime pas cette boisson. Elle réchauffe chaque gorgée dans sa bouche et l’expulse allègrement autour d’elle en formant un mince filet qui gicle entre ses dents. Les deux jeunes femmes s’amusent. Elles se détendent. Depuis le début de la soirée, elles sont main dans la main. Elles se regardent avec envie. Elles se sourient. Elles s’effleurent.
- Val, hurle Pélisse, tu m’accompagnes ? Il faut que j’aille me soulager ! Toute cette bière ! Je n’en peux plus !
Elle se tourne vers son homme.
- Rodolphe, on revient… lance Pélisse en prenant son amie par la main pour sortir de la foule.
…
Cela fait une demi-heure qu’elles sont parties.
- Elles sont longues à revenir ! Tu ne trouves pas ? crie Olivier d’un air vaguement inquiet.
Il ne sait pas depuis quand elles sont parties. La fête, l’alcool, la musique trop forte, rendent le temps élastique.
- Ouais ! Tu veux qu’on aille les chercher ? lui répond Rodolphe. Je pense savoir dans quel coin elles sont allées.
Après avoir parcouru les ruelles bruyantes et encombrées de cette ville délirante, les deux hommes se retrouvent dans un quartier plus calme.
- Elles doivent être dans le coin, c’est plus tranquille et à l’abri des regards. C’est plus facile pour elles. Elles ne peuvent pas pisser devant tout le monde ! déclarent Rodolphe ivre et hilare.
- Et mates un peu ça ! s'étrangle Olivier en apercevant au fond d’une ruelle sombre, deux corps enlacés.
Étouffant au maximum bruit de leurs pas et rires, les deux amis s’approchent du couple. Cachés dans le recoin d’une porte, ils n’en croient pas leurs yeux :
Valérie, plaquée contre le mur.
Pélisse dévorant la bouche de Valérie.
Valérie suçant la lèvre inférieure de Pélisse.
Leurs langues, leurs salives, leurs souffles se mélangent.
Les mains de Valérie sous le débardeur de Pélisse.
La main de Pélisse dans la culotte de Valérie…